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Déroulement de la bataille
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La bataille de Rocourt

L'ancienne commune de Rocourt, aujourd'hui partie intégrante de la ville de Liège, était au XVIII° siècle un village où eu lieu, le 11 octobre 1746, une bataille entre l'armée française dirigée par le Maréchal de Saxe et les armées alliées composées par des troupes anglaises, hollandaises, hessoises bavaroises et autrichiennes sous le commandement de Charles-Alexandre de Lorraine et de John Ligonier.

 

 

 

Contexte

Les Français déclarent la guerre à l'Autriche au début de l'année 1744. Ils sont victorieux l'année suivante à la bataille de Fontenoy au prix de pertes élevées. Un soulèvement en Écosse oblige les Britanniques à alléger leur corps expéditionnaire aux Pays-Bas et l'armée impériale autrichienne s'en trouve temporairement affaiblie. Cherchant à exploiter au maximum cette circonstance, le maréchal Maurice de Saxe, commandant les forces françaises, décide en 1746 de reprendre l'invasion des Flandres : il s'empare de Bruxelles, d'Anvers, de Namur et de Charleroi ; son armée, forte de 60 000 hommes, surpasse numériquement celle de son ennemi, Charles-Alexandre de Lorraine, qui ne peut plus lui opposer que 40 000 hommes.

 

Déroulement de la bataille

Voici le récit écrit par Edouard Hardÿ de Périni dans son ouvrage : Batailles françaises (édition 1894)

 

AUTOUR DE LIEGE

La principauté écclésiastique de Liège avait pu, jusqu'alors, maintenir sa neutralité; le généraux alliés résolurent de n'en pas tenir compte et d'y établir leurs troupes en quartier d'huver; le maréchal de Saxe se prépare à les en empêcher.

Le 7 octobre, 94 bataillons et 200 escadrons, anglais, hollandais, hessois, bavarois et autrichiens, passèrent la Meuse à Visé, et s'étendiret sur la rive gauche depuis le faubourg Sainte-Marguerite de Liège, jusqu'à Houtain sur le Geer.

Le maréchal de Saxe avait pris position en face de Maëstricht de Tongres à Bilsen; sa cavalerie d'exploration, en battant l'estrade le long de la Meuse, l'avertit des mouvements de l'ennemi. Ilvint, à dix heures du matin, reconnaître ces mouvements avec les régiments d'Alsace et de Monin, les carabiniers, les volontaires royaux, les escadrons de Saint-Jal, Vintimille, Rosen et quelques canons de campagne. Quand il eut passé le Geer à Glons, il vit l'armée ennemie en bataille sur 2 lignes, couverte à droite et à gauche par des ravins impraticables et au centre par le illage de slins, entouré de haies et d'abatis. Jugeant la position trop avantageuse pour l'attaquer, il se contenta de canonner Slins pendant six heures, et de laisser sa cavalerie escarmoucher avec celle de l'ennemi. Il eut un cheval tué sous lui pendant l'action.

Au soleil ouchant, il revint à son camp de Tongres, bien décidé à livrer bataille aussitôt qu'il aurait réuni toutes ses troupes et pris ses dispositions pour s'assurer la victoire, d'après l'étude approfondie de la position ennemie. Elle avait une certaine analogie avec celle de Fontenoy. Les alliés s'appuyaient à une grande ville, Liège, et ils avaient derrière eux un fleuve, la Meuse, qu'on ne pouvait passer qu'aux trois pont de Visé, à mi-chemin entre Liège et Maêstricht. Le front de bataille était couvert par 5 villages fortifiés, Slins, Liers, Rocoux, Voroux et Ans. Entre Rocoux et Ans, des redoutes et des redans avaient été construits et armés de canons.

C'était l'occasion pour Maurice de donner à ses adversaires une nouvelle leçon de guerre, en leur montrant à Rocoux comment il attaquait une position fortifiée après leur avoir enseigné à Fontenoy comment il la défendait.

Sans compter les troupes légères, il disposait de 160 bataillons et de 223 escadrons, qui passèrent tous, le 10, entre le Geer et la Meuse et bivouaquèrent en face de l'ennemi, depuis le chateau de Glaen sur le Geer, jusqu'au village d'Hollogne.

A l'extreme droite, entre Hollogn et la chaussée de Saint-Trond, Estrées campa 10 bataillons et 49 escadrons, pui Clermont-Bourbon, assisté de Lowendal et de Villemur, 3 brigades et 32 escadrons.

Le corps de bataille, sous le commandement direct du maréchal, était établi entre les chaussées de Saint-trond et de Tongres, sur 2 lignes de 32 bataillons (en 8 brigades) et 64 escadrons chacune.

L'aile gauche, sous Clermont-Gallerande, comprenait entre la chaussée de Tongres et le Geer; 2 brigades et 32 escadrons.

Deux réserves, placées l'une derrière l'autre à l'appui de la chaussée de Tongres, avaient été donnée à MM. du Chayla et de Contades.

- 1re réserve : Maison du Roi (13 escadrons), gendarmerie (8), carabiniers (10), volontaire de Saxe (6), gardes françaises (6 bataillons), Alsace (4), Cantabres (1).

- 2e réserve : 32 bataillons en 4 brigades; 16 escadrons.

Deux bataillons de grenadiers royaux et un piquet par brigade avaient été chargés de la garde des équipages laisés à Tongres.

Les grenadiers royaux, formés avec l'élite des miliciens; il y en avait 6 corps à Rocoux, ceux d'Espagnac, de Bruslard, de Bauteville, de la Tour et de Longaunay.

Le plan du maréchal était de concentrer ses principaux efforts sur le centre et sur la gauche ennemis, en ne laissant devant la droite, qu'il jugeait inaccessible à cause des ravins qui la couvraient, qu'un masque, formé par une brigade de son aile gauche et les volontaires royaux, sous le commandement de M. de Mortaigne.

Pour ne pas renouveler la faute que Cumberland avait commise en ne s'emparant pas, tout d'abord, d'Antoing et de Fontenoy, il s'était réservé les attaques de Liers, de Voroux et de Rocoux, et il les avait préparées si fortes qu'elles ne pouvaient pas échouer. Pour que ces villages ne fussent pas secourus, il avait disposé contre l'aile gauche ennemie et le village d'Ans, qui en était le point d'appui, l'attaque en Potence du compte d'Estrées.

Pendant que Clermont, Lowendal et Villemur marcheraient sur Ans avec 19 bataillons et 36 escadrons, Estrées contournerait le village en longeant les remparts de Liège, pour prendre l'ennemi à revers et le couper des ponts de Visé.

Il est intéressant et instructif de connaitre l'ordre donné, le 10 octobre, par le maréchal de Saxe pour le combat du lendemain :

"300 livres de poudre seront distribuées par bataillons; 50 par escadrons.

Le corps d'Estrées aura la droite de l'attaque; il débordera la gauche ennemie et, après avoir forcé le faubourg Saint-Walburge (de Liège), il prendra l'ennemi à dos.

Le corps Clermont-bourbon attaquera la gauche ennemie et tirera de la réserve, commandée par M. de Malezieu, qui marchera sur la chaussée de Saint-trond.

M. de Mortaigne passera le ravin qui est devant lui et inquietera la droite ennemie.

M. de Clermont-Gallerande s'allongera sur le grand ravin de Villers-Saint-Siméon et suivra le mouvement de l'armée.

Le corps de bataille marchera sur 8 colonnes, 4 de cavalerie aux ailes, 4 d'infanterie au centre; chaque division aura en tête son artillerie et sera précédée de 109 travailleurs.

Les officiers généraux conduisant les colonnes observeront dans la marche de ne point se dépasser et de rester à la même hauteur, en se réglant sur la droite; de conserver 300 pas d'intervale d'une colonne à l'autre, et 100 pas de distance entre les bataillons, pour les quarts de conversion et le bon espacement des lignes. Ces 4 lignes devront attaquer le centre ennemi et protéger les attaques de la droite et de la gauche.

La réserve d'artillerie de M. de la Roche-Aymond marchera sur la chaussée de Tongres et ne dépassera pas, sans ordre, la réserve de M. de Contades.

Un major par brigade se tiendra auprès de M. le Maréchal, qui sera dans le centre, pour recevoir et porter ses ordres."

Dès le 10, à cinq heures du soir, Estrées commença son mouvement offen passa la nuitsif en chassant de la hauteur de Biersy, en avant d'Hollogne, les 3000 chevaux et les 5 bataillons hollandais qui l'occupaient sous le commandement de M. de Baronay. Estrées passa la nuit sur cette hauteur, au contact avec les avant-postes ennemis.

L'artillerie de campagne avait été répartie en brigades de 10 pièces; il y avait une brigade pour Estrées, 2 pour Clermont-Bourbon, une pour les régiments de Seedorf et de la Mark, qui marchaient à la droite de la cavalerie; 4 pour les colonnes d'infanterie du corps de bataille, une pour la brigade de Courten, 2 pour Clermont-Gallerande, et une pour Mortaigne.

Pour charmer ses loisirs et amuser le soldat, Maurice de Saxe se faisait suivre en cqmpagne d'une troupe d'opéra-comique dont le poète Favart était le directeur et Mme Favart l'étoile. La veille de Rocoux, la représentation eut lieu dans la journée et l'étoile chanta ce couplet improvisé par son mari :  

Demain bataille! Jour de gloire!

Que dans les fastes de l'histoire

triomphe encor le nom français!

Comme on s'étonnait, dans la salle:

"Demain, Messieurs, dit-elle, il y aura relâche à cause de la bataille. Mais après-demain, nous vous donnerons, le Coq du Village!"

 

 

ROCOUX (11 octobre)

 

On battit la générale, dès l'aurore, dans le camp français et, une heure après au drapeau et l'assemblée. Le brouillard, comme à Fontenoy, retarda jusqu'à huit heures la mise en marche des troupes; les généraaux ennemis eurent le temps de prendre leurs dispositions de combat.

A l'aile droite, la cavalerie autrichienne, sur 2 lignes couronnait les hauteurs d'Houtain et de Milmort (A,B).

En avant d'elle, les villages de Slins, Fexhe et Enick surplombaient un ravin inaccessible, bordé de redans et de batteries, que gardait une ligne de hussards.

Le corps de bataille (C,D), composé de l'infanterie anglaise, hanovtrienne et hessoise, était échelonné en arrière de Liers, Voroux et Rocoux, formant un formidable triangle de haies, d'abatis, de murs et de maisons crénelés, défendu par 12 bataillons et de l'artillerie.

En arrière à gauche de Rocoux et en avant du faubourg Saint-Walburge, une grande redoute (R), armée de canons, était flanquée par 3 batteries de gros calibre, croisant leurs feux sur la chaussée de Tongres, entre les villages de villers-Saint-Siméon et Lantin, qui formaient l'avancée de la position.

Les hollandais et les bavarois du prince de Waldeck, cavalerie et infanterie, étaient à l'aile gauche (E,F) entre les faubourgs Saint-Walburge et Sainte-Marguerite. Ils s'appuyaient au village d'Ans, entouré de haies et d'abatis défendus par les Pandours.

La position de Rocoux était moins bonne que celle de Fontenoy; elle avait trop d'étendue et trop peu de profondeur. Parallèle à la Meuse, que l'armée battue ne pouvait passer que sur les nponts de Visé, elle exposait l'ennemi à un désastre, qu'avait savamment préparé le maréchal de Saxe et auquel les alliés n'échappèrent que par les lenteurs de Clermont-Bourbon, chargé de l'attaque de flanc et de la manoeuvre enveloppante.

Estrées exécuta son mouvement sur 3 colonnes (G,H); à droite, les troupes légère, à pied et à cheval, Grassins, la Morlière, volontaires cantabres, sous M. d'Armentières; au centre l'infanterie et l'artillerie; à droite, la cavalerie.

A l'exemple du capitaine de Grassin, M. de la Morlière avait formé, le 16 octobre 1745, un corps mixte de 1060 fusilliers et 540 dragons.

Les volontaires cantabres avaient levés dans le pays basque, le 15 décembre 1745, par le chevalier de Bela; 2 bataillons, 300 hussards, 2 canons.

Il aborda de front la chaussée de Saint-Trond, pour se déployer entre Ans et le faubourg Sainte-Marguerite. Clermont-Bourbon longeait la chaussée avec 4 colonnes (I,J), conduites par MM. de Lowendal et de Villemur.

A dix heures, Armentières culbuta les Pandours et dépassa le faubourg Sainte-Marguerite; il vit alors toute l'aile gauche de cavalerie des alliés appuyée au village d'Ans, rempli d'infanterie, et en trosième ligne, une importante réserve d'infanterie. Quelques bataillons hollandais gardaient les 3 batteries qui flanquaient la grande redoute (R). Armentières rendit compte à Clermont-Bourbon, qui perdit du temps à aller prendre les ordres du maréchal. Celui-ci avait formé contre le centre ennemi, 3 colonnes d'assaut.

Clermont-Gallerande (K,L) avec les brigades de Mailly, de Bretagne et d'Artois, avait Liers pour objectif; Herouville (M,N), Voroux, avec Montmorin, Navarre, Royal et Auvergne. Latour-Maubourg (O,P), Rocoux avec Orléans, Beauvais, Rouergues et les Vaisseaux.

Le colonel de Montmorin-St-Hérem fut blessé après avoir pris 4 canons; hors de combat, les capitaines de Laydet et de la Coste.

Navarre perdit à Rocoux les capitaines de Belloy, de Mauny, de Passay, de Rassay, Bonafous, Malpois; le lieutenant Gorechard, le capitaine Noguès et le lieutenant de Monval furent blessés.

Royal attaqua l'angle gauche de Rocoux, conduit par le lieutenant-général de Fénélon, qui y fut blessé mortellement. Royal perdit 400 hommes; parmis les morts, le le commandant de bataillon Cassagnard, les capitaines, Monbaron,        du Voizel et Monfort; les lieutenants Villars et Clocheville. Les capitaines de Brie, Béron, Marseuil et Moussy, et le lieutenant de Conan moururent de leurs blessures.

Avant l'attaque, l'aumônier d'Auvergne fit au régiment un prone, que le lieutenant-colonel de Chaumauroux interrompit par cette conclusion: -"Soldats, M. l'abbé veut dire qu'il n'y a pas de salut pour les lâches! Vive le roi! et en avant!" Susane.

Le chevalier d'Aulan, capitaine des grenadiers d'Orléans, prit, avec sa compagnie, une batterie et 4 drapeaux. Quelque temps après, Louis XV, passant la revue du régiment, remarqua la haute taille du capitaine d'Aulan. -"Il est bien plus grand, sire, lui dit le maréchal de Saxe, quand il se mesure avec vos ennemis." Susane

Mais le maréchal ne voulait commencer son attaque au centre, que lorsque Clermont-Bourbon aurait prononcé la sienne à gauche.

L'action s'engagea par un violent duel d'artillerie. Clermont-Bourbon disposa de 6 pièces de 8 sur le flanc de la cavalerie hollandaise; il en braqua 4 sur les haies d'Ans, et battit, avec 6 canons de 16, une grosse maison, pleine d'infanterie, qui servait de réduit au village. L'artillerie de la redoute (R) et les 3 batteries voisines ripostèrent. Les pertes étaient grandes, de part et d'autre, quand Clermont-Bourbon ordonna à Estrées de donner l'assaut à Ans avec 4 brigades (Picardie, Monaco, Segur et Bourbon), pendant que lui-même le soutiendrait avec 4 autres brigades et 20 canons.

Brigade Monaco - Officiers tués: les capitaines de Savaillon, Vaubonne, de Saint-Vincent, les lieutenants Beauviné et l'Espéra,ce; blessés, le prince de Monaco, colonel; la Villardière, major; les capitaines Clifton, d'Alliez, Dupuis, d'Urre, Vernon, Larienne, Desmangins, d'Igoyne, Gramont; les lieutenants la Roche, Blachère, Regnaud, la Rouvière, Lantiani, de Chateauvieux, Ponsonen. 

Le prince de Monaco s'en allait à l'ambulance en s'appuyant sur le bras du sergent Vodal; ce bras fut cassé par une balle -"Prenez l'autre bras, mon colonel, lui dit Vidal, celui-là ne vaut plus rien!" Suzane

Derrière l'artillerie marchaient 10 escadrons de dragons et 14 de cavalerie, sous la conduite de M de Roseu. Ces 24 escadrons s'arrêterent à 600 pas de la cavalerie hollandaise. Picardie et Monaco occupèrent les haies d'Ans, pendant que Ségur et Bourbon attaquaient de front le village.

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